La tentation

j’ai succombé à toutes les visions

séduite, surface, série et sérieuse

en toute mobilité et paysages

concentrée sur chaque épisode

territoire et joue.  masquée/démasquée :

out of space ou pleine d’intonations

dans le climat, délirante autour

de toutes les figures, aérienne

dans l’emploi du verre et du verbe

 

j’ai succombé à la fureur, les villes

et les eaux-fortes / viens / la

conversation par bribes, à découvert

toute la paume l’empreinte des lenteurs

et la réalité transforme son lynx

des yeux de l’identité qui motive

tous les recours que la langue tresse

l’existence à coup de parcours

et de souffle dans les limites du possible

du tolérable aveuglément : le sentiment

 

j’ai succombé à la vision claire

des végétations et des événements

matinales, dans les privilèges de la lumière

car le corps authentique échine de feu

a montré sa langue telle qu’elle

alors était tangible et tango

très vif pour les yeux / du dedans

 

j’ai succombé à la tentation ainsi

on entre dans le circuit des gestes

qui assurent la survie, la conquête

le sourire et la fusion des fictions

la nuit venue lorsque de mèche

nos fronts se souviennent des plus belles

délinquances, on bouge un peu la main

pour que s’ouvre sous nos yeux

la mémoire agile des filles de l’utopie

se déplaçant en italique

ou en une fresque vers toutes les issues

[...]

Comme une digue qui cède pour ouvrir sur une liberté jubilatoire.

1. Après une première lecture silencieuse du poème, identifiez les mots, les vers ou les strophes qui vous accrochent ou qui vous restent en tête. Qu’ont-ils de particulier ? Dégagez une première impression du poème.

2. Le premier vers de chaque strophe reprend la formulation « J’ai succombé à ». En évitant les mots qui viennent ensuite dans le premier vers, dégagez un thème et esquissez, en quelques mots, un résumé pour chaque strophe. Choisissez votre préférée.

3. Relisez le poème en réfléchissant au lien entre la tentation (titre) et le fait de succomber à celle-ci. Que se passe-t-il lorsque le « je » succombe ? Faites l’exercice pour chaque strophe. 

4. Pratiquez vos aptitudes de récitation. Relisez le texte, cette fois à voix haute. Observez les endroits où, naturellement, vos serez tenté·e·s de changer de débit, de ton, de faire des pauses. Puis, réfléchissez à ce qui provoque ces changements. Recommencez l’exercice autant de fois qu’il sera nécessaire afin d’arriver à une lecture qui vous semblera satisfaisante. Si vous en avez l’audace, lisez-le à quelqu’un. 

Activité d’écriture

Sur le même thème (la tentation), réalisez un pastiche de ce poème en reprenant en chaque début de strophe « J’ai succombé à ». Voyez comment chaque tentation qui cède organise le poème.
 

Liens utiles

 

Elkahna Talbi lit un extrait de La capture du sombre :

 

Un film de 1978, dirigé par Nicole Brossard, Luce Guilbeault et Margaret Wescott, sur quelques féministes américaines : 

Quelques féministes américaines, Nicole Brossard, Luce Guilbeault & Margaret Wescott, provided by the National Film Board of Canada

Section « Pour aller plus loin » rédigée par
Référence bibliographique

Nicole Brossard, « Tentation » (extrait), Amantes, 1980, dans D’aube et de civilisation, Montréal, Typo, 2008.

Commencez ici :